Le magazine Challenge (en français) explique très bien cela dans son numéro du 25 février 2021 ; en voici les points marquants :
Les pertes cumulées des 3 marques de l’Alliance (Renault – Nissan – Mitsubishi) ont atteint 14.8 milliards d’euros sur 2020 ; la pandémie, ainsi que la dégringolade du la marque Nissan (qui contribue au recul des ventes à hauteur de 4.9 milliards d’euros) expliquent ce plongeon, le plus sévère parmi tous les constructeurs l’an dernier.
Mais Renault a la peau dure et sait faire jouer sa créativité pour toujours se réinventer. Les confortables réserves de liquidités (16.4 milliards d’euros) permettent d’amortir ce recul historique.
Les nouveaux projets affluent
Le directeur général de Renault, Luca De Meo, a présenté début janvier son plan « Renaulution » (contraction des mots Renault et Revolution). Les nouveaux projets affluent.
L’objectif est ambitieux. Le plan prévoit d’augmenter le prix moyen de ses marques Dacia et Lada de 30% d’ici 2025. Pour y parvenir, Renault va s’appuyer sur trois piliers : capter une clientèle plus aisée, utiliser une seule plateforme industrielle, et avoir une ingénierie commune pour les deux marques.
Les trois piliers de la nouvelle stratégie de Renault d’ici 2025 : « Renaulution »
https://group.renault.com/groupe/plan-strategique/
Une clientèle plus aisée
65% des ventes du groupe Renault sont des véhicules d’entrée de gamme, peu rentables. L’objectif est d’attirer une nouvelle clientèle grâce à des modèles enrichis. Par exemple, la Dacia Sandero, vendue 8 690 € en France dans sa version de base, est proposée à 12 590 € dans la version Stepway. La base est identique, les ajouts très visuels (barres de toit, protections latérales), et cela fonctionne car les ventes de Sandero ont augmenté de 25% grâce au modèle Stepway.
C’est le pari réussi de Luca de Meo lorsqu’il était à la tête de Seat. Renault a toutes les qualités pour relever ce défi.
Une seule plateforme industrielle
Une plateforme industrielle est une structure, appelé « base roulante », utilisée par tous les véhicules rattachés à cette plateforme, et sur laquelle viennent se greffer des ajouts différenciants.
La plateforme CMF-B est utilisée aujourd’hui par Dacia (Logan, Sandero) et le sera dès 2022 par Lada. Cette plateforme, crée en 2019 pour la Renault Clio, est très modulable. Elle permet l’ajout d’équipements et d’options qui permettent d’augmenter le prix de vente, tout en maîtrisant les coûts.
Le développement de modèles « augmentés » ne fait que commencer : Renault a présenté en Janvier le Bigster, version très gonflée du Dacia Duster. Le prix de la version de base serait … le double de celui du Duster (25 000 € contre 12 500 €).
Ingénierie commune
Le prix d’un véhicule découle de la stratégie de positionnement marketing (viser une clientèle plus aisée), et des coûts de développement et de fabrication. Les coûts de fabrication intègrent les composants et systèmes achetés aux fournisseurs ou réalisés en interne, ainsi que les coûts d’assemblage du véhicule.
Le travail de l’ingénierie est donc déterminant pour optimiser ces coûts dès la conception. Le regroupement des équipes d’ingénierie doit permettre la réalisation d’économies d’échelle (un seul développement pour plusieurs véhicules, de grands volumes de fabrication pour les fournisseurs).
L’intégration des ingénieries est une pierre d’achoppement pour Renault : crée à l’aube des années 2000, l’Alliance Renault Nissan – avant l’arrivée de Mitsubishi en 2016) a réussi à harmoniser ses ingénieries dans les domaines maîtrisés en interne, comme les moteurs.
Il n’en est pas de même pour les composants achetés aux équipementiers, qui doivent souvent se référer à des cahiers de charges techniques propres à chacun des constructeurs, notamment pour les fonctions les plus novatrices (infotainement, moteur électrique).
Source : Challenges – n° 687 – 25 février au 3 mars 2021